Mélanie Choinière
Étudiante en céramique, j’explore présentement la semi porcelaine pour sa blancheur et sa malléabilité. Par la création de pièces fonctionnelles aux formes et couleurs douces, j’espère créer des objets céramiques qui inspirent l’attachement et la durée.
Comment créer un esthétisme qui accueillera le passage du temps? Comment créer un objet à valeur ajoutée? Aux caractéristiques durables et fonctionnelles? Ces questions guident sans relâche mon désir de créer des pièces dont la sensibilité, la fonctionnalité et la douceur sauront épouser les mouvements de notre quotidien.
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Qu'est-ce que tu aimes de la coopérative de céramistes Minéral?
Minéral, en tant que coopérative de production, est un modèle porteur de valeurs essentielles: coopération, entraide, autogestion et création. C'est pour moi un endroit lumineux au sens propre et figuré du terme.
De quelle façon es-tu impliquée dans la coopérative Minéral?
Je suis investie au sein du conseil d’administration et au sein du comité formation. Je valorise ces deux implications car j’estime que la gouvernance et le partage de connaissances sont des aspects très importants au bon fonctionnement d’une organisation.
Quel est ton parcours en céramique?
J'étudie présentement en Technique de métier d'arts – option céramique et j’enseigne le tournage à temps partiel. J’espère développer une collection d’ici le printemps 2022.
Qu'est-ce qui t'a amené vers la céramique?
J'ai connu la céramique alors que j'habitais l’Ouest canadien. J'ai pris des cours et travaillé bénévolement dans un studio pendant 4 ans. Par la suite, j’ai toujours gardé contact avec le médium. De fils en aiguille, j'ai ressenti le besoin d'entreprendre une formation technique qui me permettrait de plonger à temps plein dans la création.
Que préfères-tu du travail de la céramique?
La terre. Dans mon esprit, l’argile se laisse connaître par celui qui veut bien prendre le temps de l'écouter et l'observer. J'avais un mentor qui disait que la terre devait être caressée... et cette pensée me faisait sourire. Pour moi, l'argile est une matière extrêmement malléable et, à toute fin pratique, capricieuse: elle ne peut être forcée. Cette caractéristique de la pâte céramique demande une connaissance approfondie de sa composition et un respect perpétuel de ses limites à chaque étape de travail. Un peu à l’image de notre corps physique, la terre entretient une mémoire du geste. En ce sens, elle offre un feedback immédiat à celui qui écoute.
As-tu d'autres pratiques (artistique, artisanal ou autre) qui enrichissent ta pratique de la céramique?
Je dessine et je peins, bien humblement. J’écris beaucoup et j’aime lire. Je pense que ces activités me permettent de me centrer, clarifier mes idées et élaborer des projets. Toutefois et peut-être curieusement, l’activité qui enrichit le plus ma pratique artistique est la course à pied! Issue du sport de compétition, je suis particulièrement imprégnée par la notion du ‘geste’ en céramique; celui qui par sa cadence, sa répétition et son intensité, entraîne le corps et la conscience à s’unir dans le mouvement. En ce sens, la pratique de la céramique devient pour moi un lieu de conscience corporelle. J’y trouve un lieu de réflexion.
Quelles sont tes sources d'inspiration principales?
Je trouve difficile de répondre à cette question car je ratisse large dans mes sources sans toutefois m'arrêter sur un style de céramique, un médium ou encore des artistes en particulier. Je nomme donc quelques sources en céramique : les céramiques chinoises de l’empire song, les céladons coréens, la tradition japonaise de cuisson au bois et son esprit wabi-sabi. Autrement, le design scandinave, l’architecture, la peinture, la sculpture nourrissent beaucoup mon imaginaire.
Quel est ton type de production favori, ou ta technique de création de prédilection? (Façonnage, tournage, moulage...)
Avec le temps, je développe une affection toute particulière pour le façonnage. Je combine toutefois les techniques de tournage et de façonnage afin de créer différentes pièces.
Qu'as-tu appris sur toi ou sur la vie en général, en travaillant avec l'argile?
La patience. Connaître l’argile est un processus plutôt lent pour moi : j’ai besoin de m’imprégner, de ressentir et d’observer. Autrement, j’ai appris l’humilité. La céramique est une question de savoir-faire et de développement de compétences (les solutions sont souvent dans les besoins de la terre). Il faut prendre le temps d'agir avec connaissance et conscience.
Quelles sont tes futures aspirations en lien avec la céramique?
Enseigner et bâtir un studio en région.
Images : Marc-André Lafrance